Tribune

Il existe un chemin vers la Fraternité

Des trois valeurs de notre devise républicaine, la Fraternité est sans doute la valeur la plus exigeante et celle qui nécessite le plus d’efforts. La Fraternité implique en effet de reconnaitre l’autre dans ses différences, tout en le considérant comme libre, et égal à soi-même sur le plan du droit. Elle est l’aboutissement de la construction de l’édifice républicain et la condition de l’avènement d’une Concorde nationale stable et durable.

Je suis malheureusement attristé de constater que la société française d’aujourd’hui tend à s’éloigner de cet impératif de Fraternité. Des fractures s’installent de toute part. Des femmes et des hommes qui partagent la même communauté de destin s’opposent, se défient, parfois de façon violente. Les « pro » et les « anti » de chaque cause s’affrontent sur leurs champs de bataille respectifs. Et au bout du combat, tout le monde y perd. À commencer par la France, qui, pendant ce temps, se détourne des grands défis de ce siècle.

C’est pourtant unis, et unis seulement, que nous pourrons, nous Français, continuer à écrire l’histoire du monde, comme nous le faisons depuis deux millénaires. C’est unis, et unis seulement, que nous sublimerons ce génie créatif et culturel qui aux peuples étrangers a de tout temps donné le vertige.

Nous sommes tous les dépositaires de cette Fraternité exigeante. Nous sommes, Français d’hier et d’aujourd’hui, les maillons d’une chaîne qui nous lie à travers l’espace et à travers le temps. C’est la raison pour laquelle je m’oppose à tous ceux dont les discours attisent les oppositions entre les Français, à défaut de les unir.

Le débat autour de l’immigration et du supposé « grand remplacement » démontre à lui seul pourquoi la Fraternité est si difficile à atteindre. Et ce débat me touche d’autant plus que je suis moi-même un enfant de l’immigration, arrivé en France à l’âge de deux ans en provenance d’Algérie. Bien sûr, les défis liés à l’immigration ne doivent pas être éludés. Mais ils méritent d’être appréhendés posément, en s’imposant une rigueur et une honnêteté intellectuelle qui hélas font souvent cruellement défaut dans le débat public.

La France peut-elle accueillir toute la misère du monde, pour paraphraser la formule de Michel Rocard ? A l’évidence non. La France est-elle en capacité d’accueillir une immigration massive ? Pas davantage. Le fondamentalisme islamiste est-il une menace ? Nul ne peut le nier, et nous devons même le combattre, par tous les moyens.

C’est pourquoi ma priorité est de renouer avec ce qui est la raison d’être première de l’État : assurer l’ordre à l’intérieur de sa frontière, maîtriser ses flux migratoires, et se défendre à l’extérieur de ses frontières.

L’idée de Fraternité que je porte est exigeante car elle repose sur un contrat social basé sur l’ordre et le respect. J’assume totalement que parmi toutes les urgences françaises, la réaffirmation de l’autorité de l’Etat et du respect de l’ordre doivent être mises au premier plan. A cet égard, la Fraternité ne doit pas être confondue avec la tolérance naïve qui consiste à se montrer faible face aux ennemis qui nous menacent et nous défient.

Mais une fois ce postulat posé, tous les discours qui laissent à penser qu’une partie de nos compatriotes, sous prétexte qu’ils pratiqueraient une religion (en l’occurrence ici la religion musulmane), seraient des artisans d’un processus de « grand remplacement » relèvent d’une réthorique pernicieuse.

Etre Français n’est pas une affaire de prénom ou de religion : c’est faire corps avec la France et son histoire sans avoir à se renier ; c’est avoir des droits, mais aussi des devoirs ; c’est être conscient de la chance que nous avons de vivre dans ce beau pays ; et c’est nous unir autour d’un futur commun, pour écrire une nouvelle page de son histoire.

J’aspire à une France où chacun puisse s’accomplir en tant que lui-même, qu’il soit Chrétien, Musulman, Juif ou non croyant ; jeune ou moins jeune ; ouvrier, cadre, patron, agriculteur, fonctionnaire, profession libérale ; hétérosexuel, bi, gay, lesbienne ou autres ; valide, ou en situation de handicap…

Parce que je suis un enfant de l’immigration, qui a grandi en banlieue parisienne, qui a étudié dans l’école de la République, qui s’est épanoui et a réussi en tant qu’entrepreneur, je sais intimement que l’ascenseur républicain existe. Je l’ai vu. Je suis monté dedans. Et il m’a élevé. Mais je sais aussi que cet ascenseur républicain est aujourd’hui en panne. Le réparer est possible. Cela implique un changement majeur de logiciel politique, pour renforcer l’Etat sur ses missions essentielles, et libérer le génie français des verrous qui le brident et le paralysent. C’est tout le sens du projet que je porte.

Je sais, par mon expérience, qu’il est possible, en France, de réussir d’où que l’on vienne. La guerre civile n’est pas une fatalité. Nous pouvons unir tous les Français autour d’un grand projet de puissance, de conquête et d’espérance, d’un projet tellement ambitieux qu’il supplantera nos différences et nos antagonismes.

Il existe un chemin vers la Fraternité et vers la prospérité. Ce chemin est ici, en France.

Rafik Smati

4 commentaires :

  1. Sadoul dit :

    Bonjour, Frédérix BASTIAT a écrit à propos de la fraternité: “Les avantages pour moi, les charges pour les autres” et encore: ” N’attendre de l’Etat que deux choses: liberté, sécurité. Et bien voir que l’on ne aurait, au risque de les perdre toutes deux, en demander une troisième” Le chemin est donc on ne peu plus …étroit!

  2. Brigitte Payet dit :

    Ce que j aime chez Rafik Smati c’est qu’il est lucide sur l’état de la France mais qu’il propose une issue positive. Le fait qu’il soit chef d’entreprise fait de lui un pragmatique visionnaire. Vive la Liberte, l’égalité et la fraternité !

  3. Pierre Bonte dit :

    Merci Monsieur Smati pour votre engagement. Vous êtes le seul à porter un projet de fermeté et de bienveillance. avec sérieux et en étant bien entouré…. Vous êtes l’homme qui faut à la France. Ne lâchez rien !!

  4. Laprevote Marie Paule dit :

    Merci d’avoir pris le temps d’écrire ces mots. Ils reprennent en effet ce que je défends dans ma profession de Psychopédagogue depuis des décennies. Et ceci au delà des mouvements societaux, influences.. Je le dispense sous différentes formes.

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