Ces cent dernières années ont été plus denses en inventions que les 1000 années qui ont précédé. En deux siècles à peine, se sont succédées 3 révolutions industrielles. L’homme a su dompter des sources d’énergie telles que la vapeur, le charbon, le pétrole et l’atome. Il a inventé des technologies de communication en temps réel. Il a révolutionné son environnement médical et sa qualité de vie…
Une image permet de se représenter le développement exponentiel qu’à connu l’humanité. Elle consiste à ramener l’histoire de la Terre à une journée. A minuit, donc, la Terre se forme dans le système solaire. Il faut attendre 13h pour que l’oxygène fasse son apparition. A 21h, les premières plantes sortent de terre. A 21h22, la mer commence à se peupler des premières espèces de poissons. En toute fin de journée, vers 23h30, apparaissent les dinosaures. Ils disparaîtront 10mn plus tard pour être aussitôt remplacés par les premiers primates. A 23h 59mn et 30s, l’espèce humaine fait son apparition. Jules Cesar, Clovis, Louis XIV, Victor Hugo, vous et moi sommes tous nés dans les dernières milli-secondes. Les inventions de l’électricité, de l’aviation, du téléphone et de l’Internet se concentrent également sur ces dernières milli-secondes.
Durant ces ultimes milli-secondes, donc, l’Humain est parvenu, par son intelligence et son savoir, à façonner (parfois avec excès) un monde nouveau. Il a fait des sciences et des technologies les matrices de son évolution.
Tout indique aujourd’hui que cette accélération spectaculaire de l’histoire va s’amplifier. Nous vivons en effet les prémices d’une quatrième révolution industrielle qui va tout bouleverser : notre rapport au travail, à l’économie, à la santé, à l’environnement, aux transports… Contrairement aux 3 premières révolutions industrielles qui reposaient sur des sources énergies polluantes et limitées, celle-ci s’appuiera sur une matière première inépuisable et gratuite : la connaissance. Et dans la connaissance, je place au premier rang les mathématiques et les sciences.
Les mathématiques sont la discipline primordiale par excellence, celle qui permet de modéliser le monde et la nature, de concevoir des univers non pas à 4 dimensions comme dans le monde réel (les 3 dimensions de l’espace et celle du temps), mais des univers à « n » dimensions. Les mathématiques aident à appréhender la complexité, l’abstrait, l’entropie, qui sont désormais des marqueurs de notre civilisation.
Les grandes Nations du 21ème siècle seront celles qui réussiront à transmettre une culture mathématique et scientifique à ses enfants. Car des sciences et des mathématiques, dépendra la capacité des générations de demain à être maîtres de leurs destins, à construire une société durable et propre, à contribuer à écrire l’histoire du monde, et au fond, à être libres.
Il se trouve que la France a longtemps été un pays porté par les sciences et les techniques. C’est le génie français qui a permis d’offrir à l’humanité l’automobile, la photographie, le cinéma, la bicyclette, la machine à calculer, le vaccin, ou la médecine nucléaire. Hélas, depuis maintenant plusieurs décennies, la culture scientifique a régressé dans notre pays. Pire encore, ce qui à trait à la science et à la technologie suscite parfois même la méfiance, à l’instar de la vaccination, de la téléphonie 5G, du nucléaire, et de bien d’autres sujets…
Malgré les moyens colossaux qui sont alloués à l’éducation nationale, notre niveau en mathématiques et en sciences n’a cessé de baisser au fil du temps. Or ces disciplines seront, je le rappelle, la matière première du monde de demain. Aussi, si nous voulons être acteurs du futur et non pas le subir, nous devons sonner l’alerte.
Le temps est venu d’hisser les mathématiques et les sciences en cause nationale.
Cela passe d’abord par l’école. Les disciplines scientifiques doivent être renforcées, avec comme objectif cardinal de développer la capacité d’abstraction et l’agilité de nos enfants. Il est à cet égard inutile de former explicitement au codage (un langage de programmation est éphémère), mais plutôt à l’algorithmie, qui elle, est universelle.
Il est aussi plus que jamais nécessaire de revaloriser le salaire de nos enseignants, et ceci pour une raison très simple : attirer les meilleurs de leurs disciplines. Oui, nous devons aspirer à une éducation nationale où les meilleurs mathématiciens enseignent les mathématiques à nos enfants. Et cela a un coût. Une telle mesure ne serait d’ailleurs pas une charge supplémentaire au budget de l’État, mais un investissement d’avenir. Il serait également salutaire d’augmenter significativement la rémunération de nos doctorants en sciences pour conjurer la fuite de nos cerveaux. Nos chercheurs doivent par ailleurs être davantage sensibilisés à l’entrepreneuriat et à la prise de risque, afin qu’ils puissent connaître la réussite en diffusant leur travail à très grande échelle.
Faire des mathématiques et des sciences une cause nationale passe enfin par une évolution profonde des mentalités dans toutes les structures de l’État. Nos cabinets ministériels et nos administrations centrales gagneraient tellement à s’enrichir du regard et de la compétence de nos ingénieurs et de nos scientifiques. Une telle mixité contribuerait à insuffler une dimension nouvelle dans les projets menés par la puissance publique, laquelle serait enfin au diapason de son siècle.
Développer une culture scientifique parmi nos décideurs sera indispensable pour poser des limites et prévenir les excès intrinsèques au progrès. N’oublions pas que derrière chaque innovation, se cache un danger potentiel : l’atome, par exemple, permet de sauver des vies (via la médecine nucléaire), de nous éclairer (grâce à l’électricité nucléaire), mais il est aussi la source du risque d’anéantissement le plus massif qui soit (l’arme nucléaire). Il en va de même pour le ciseau à ADN Crispr-Cas9, qui va bouleverser la médecine et prolonger la durée de vie, mais qui ouvrira potentiellement la voie à de funestes expériences génétiques. Le bien et le mal sont les deux faces d’une même médaille.
Pour changer le monde, encore faut-il le comprendre. Une France réconciliée avec la science et avec l’avenir, phare d’une Europe unie, puissante et fraternelle, serait le plus bel héritage que nous puissions léguer à nos enfants. Il est celui qui leur donnera les clés de leur émancipation et les guidera vers le chemin de la liberté.
La culture scientifique est indispensable ; mais elle ne doit pas déboucher quasi exclusivement sur la recherche fondamentale comme bien souvent en France dans le passé, mais aussi favoriser et développer la recherche appliquée qui apportera des ressources financières et industrielles qui nous font défaut aujourd’hui.
Vous avez tellement raison. La France pays de Pasteur est aujourd’hui le repère d’une armée de complotistes antivax et anti progres scientifique. Seule l’école pourra nous sortir de cet obscurantisme.
Je suis grand père d une petite fille en classe de terminale qui passe son bac cette année. L’autre jour je lui demande quand a lieu son épreuve du bac en mathématiques et elle me répond qu’elle n’en a pas et puis qu’elle n’a pas pris cette option en terminale…. Je n’ai pas tout compris à la réforme blanker du lycée mais je suis certain qu une jeune fille de son âge n a pas l enseignement en mathématique qu’elle mérite. Tout ça pour dire que Monsieur Smati est dans le vrai avec ce texte et ses proposition. Abandonner les mathématiques a été une folie!
Bonjour, Je vous signale le livre de maths que j’ai écrit dans le but de contribuer à retrouver le niveau que nous avions dans les années 1960 quand la France était dans le peloton de tête, au moment où j’ai fait mes études. Voici le lien pour ce livre mathematiqueselementaires point com Cordialemnt
Bravo Monsieur Smati