L’immigration. Un mot lourd, un terme qui gronde dans le débat public, qui divise souvent et parfois même fait peur. Pour certains, elle doit être sans limite. Pour d’autres, elle est un levier pour manipuler nos émotions, jouer sur les peurs et ériger des barrières invisibles entre nous. Pourtant, la vraie discussion devrait se concentrer moins sur l’immigration en tant que telle et davantage sur les enjeux sous-jacents, et notamment la sécurité et l’intégration.
En effet, le défi majeur de notre époque n’est pas d’endiguer les mouvements de population, mais de veiller à une intégration harmonieuse tout en assurant la sécurité. Dans un contexte mondial marqué par l’instabilité géopolitique et les crises écologiques, il serait naïf de croire à un isolement possible. L’enjeu n’est plus de savoir si nous accueillerons des femmes et des hommes venus d’ailleurs, mais comment nous les accueillerons. Et cela change tout.
Ce principe de réalité doit toutefois s’ancrer dans des principes solides. Quiconque choisit de s’établir en France doit honorer ses valeurs, sa mémoire, et l’ordre qui la définit. Ignorer ces principes, c’est renoncer à l’opportunité de s’intégrer. La France, riche de son histoire deux fois millénaire, n’aspire pas à être transformée, mais à être chérie et respectée.
C’est sur cette pierre angulaire que repose l’enjeu majeur de l’immigration. Toute personne qui néglige ou dédaigne ce pacte fondamental remet en question l’équilibre même de notre société. Les racines de la France plongent profondément dans le sol de ses valeurs et de son histoire; s’implanter ici exige une compréhension et une adhésion à cet héritage. Sinon, c’est toute la communauté nationale qui risque de se déchirer.
Être Français ne se résume pas à une simple résidence : c’est parler une langue, celle des poètes et des penseurs ; c’est comprendre une culture, plonger dans un riche passé tout en regardant vers l’avenir. C’est un équilibre subtil entre héritage et aspiration, entre ce que nous sommes et ce que nous souhaitons devenir. Dans cet équilibre, chaque geste compte, chaque mot, chaque action, sculpte l’âme collective de la nation.
La France ne peut négliger l’opportunité représentée par l’immigration. Mais cette opportunité demande une orchestration délicate. La sécurité, pilier central de nos libertés, ne doit jamais être compromise. Celui qui introduit une fausse note, compromettant cette harmonie, doit être écarté de l’orchestre. L’intégration, elle, est la partition sur laquelle nous jouons tous. Elle fait sienne l’idée de laïcité, garantie d’ouverture et de tolérance mutuelle. C’est en respectant ces mélodies intemporelles que nous pourrons composer la grande symphonie de notre avenir.
Cette ligne de crête empreinte de respect et d’espérance n’est pas une utopie. Nous sommes des millions de Français issus de l’immigration à l’avoir emprunté. Né sur l’autre rive de la mer Méditerranée, je suis un héritier de l’espérance portée par des milliers de cœurs battant au rythme de l’espoir. Comme beaucoup, je porte en moi les couleurs d’ailleurs, tout en chantant l’hymne d’un amour indéfectible pour ce pays qui m’a tendu les bras.
Pourtant, si nous voulons que ce modèle réussi perdure, il est essentiel d’admettre que l’histoire de la France, tout comme celle de l’Europe, nous rappelle à quel point nos actions passées ont des conséquences durables. Les interventions occidentales à l’étranger, les politiques commerciales et même les choix environnementaux ont façonné la situation migratoire d’aujourd’hui. Il est crucial de saisir ce passé pour comprendre le présent.
C’est dans cette humilité exigeante que nous pouvons trouver la clé pour aborder sereinement notre futur migratoire. Si l’Europe, actuellement en proie à une crise démographique grave, parvient à s’extirper des ténèbres du déni et des joutes politiciennes, si elle décide d’aborder l’immigration avec une lucidité audacieuse, renforcée par une vision à la fois économique, éducative, sécuritaire et démocratique, alors l’immigration cessera de prendre les traits d’une menace. Elle se métamorphosera en une source de renouveau, forgeant un nouveau contrat social et incarnant une promesse d’unité, de solidarité et de progrès pour tous les citoyens du continent.
Aujourd’hui, nous avons le pouvoir et la responsabilité de transformer les peurs en espoir, de bâtir des ponts là où certains veulent ériger des murs. Cette tâche ne sera pas aisée ; elle demandera détermination, patience et un travail colossal. Mais face à l’ampleur des enjeux, nous n’avons pas le choix. Et peut-être, en embrassant cette mission avec courage et authenticité, malgré tous les obstacles, découvrirons-nous que le plus grand voyage n’est pas celui de traverser les frontières, mais celui de faire renaitre une Europe unie, fraternelle et lumineuse.
Rafik Smati
J’apprécie l’angle de cette tribune. Il est rare de voir une approche aussi équilibrée sur un sujet aussi polarisant… Au lieu de tomber dans le piège du sensationnalisme vous avez opté pour la lucidité. Bravo!
Tout à fait d’accord. Au lieu de se concentrer uniquement sur l’arrêt des flux migratoires, nous devrions nous pencher sur les véritables défis : l’ordre et l’intégration. Votre tribune apporte une fraîcheur bienvenue dans ce débat.
Autant j’approuve la démarche théorique, autant je perçois la difficulté, pour ne pas dire plus, de l’appliquer. Elle aurait toutes les chance d’être productive si nous partions de zéro. Mais nous avons le poids du stock, le résultat de décennies d’immigration au cours desquelles nous n’avons rien fait, au cours desquelles nous avons négligé d’intégrer ces population. J’ai peur qu’il ne soit trop tard pour, à la fois intégrer le « stock », et appliquer la démarche pour les nouveaux arrivants. Si vous, vous avez réussi magnifiquement votre intégration, c’est parce que vous l’avez voulue, la démarche que vous proposez n’ayant jamais été exécutée auparavant… ni même imaginée !
Il serait nécessaire de proposer un autre processus pour réussir à intégrer, les communautés existantes en France et bien implantées en marge de nos lois et de notre culture française. Et là, je suis très pessimiste.
tristement d’accord avec vous!!
Votre texte offre une perspective réfléchie et équilibrée sur la question complexe de l’immigration. Il souligne l’importance de regarder au-delà du simple concept d’immigration pour aborder les enjeux sous-jacents de sécurité et d’intégration. Vous mettez en évidence le rôle crucial des valeurs, de l’histoire et de l’identité dans le processus d’intégration, tout en reconnaissant l’opportunité que l’immigration représente pour la France et l’Europe.
Votre appel à reconnaître la responsabilité historique des actions passées et à adopter une vision audacieuse pour l’avenir est particulièrement puissant. En transformant les peurs en espoir et en promouvant une Europe unie et solidaire, vous défendez une approche constructive et positive.
Il est évident que vous avez mûrement réfléchi à la complexité de la question de l’immigration et à ses implications. Votre texte encourage à adopter une perspective plus inclusive et à aborder cette question avec empathie et compréhension. Votre vision d’une Europe unie et lumineuse grâce à un traitement équilibré et responsable de l’immigration est inspirante.
En somme, votre texte offre une contribution précieuse à la discussion sur l’immigration et incite à la réflexion sur les moyens de façonner un avenir plus harmonieux et solidaire pour les citoyens de l’Europe.
La théorie et la pratique sont deux choses différentes. Bien évidemment, il est possible d’intégrer des individus qui ont envie de participer au projet français et européen que vous prônez. En revanche, il est impossible d’intégrer des peuples entiers qui emmènent avec eux une civilisation différente et aux antipodes de la nôtre.
Comment pouvez-vous croire que des centaines de milliers voire des millions de personnes venues d’ailleurs renonceront à ce qu’elles sont pour s’intégrer et nous faire plaisir ? Croyez-vous vraiment qu’elles en ont l’envie ? Croyez-vous vraiment qu’elles veulent respecter la laïcité qui vous est chère ? À ce dernier point, les exemples ne manquent pas (revendication du voile et de l’abaya à l’école, l’assassinat de Samuel Paty, le cas Didier Lemaire à Trappes etc) pour répondre par la négative.
Ces peuples voudront vivre selon leur civilisation et nous ne pouvons pas leur en vouloir. Les importer en masse comme vous le proposer ne produira que le malheur de tous. D’une part, le malheur des peuples européens qui seront remplacés ainsi que leur civilisation (avec toutes les externalités négatives en matière de sécurité et de délinquance). D’autre part, le malheur de ces populations importées qui ne se sentiront jamais chez elles et qui seront déracinées.
S’il y a une chose que l’on pourrait faire pour aider ces peuples , c’est participer au développement des pays maghrébins et sub-sahariens (ce que l’on fait déjà sans résultat probant) pour relever les défis climatiques et créer des conditions favorables afin que les populations locales puissent mener des vies dignes dans leurs pays sans y partir. Problème, nous voilà arrivés dans une impasse ! La France, l’Europe et ses valeurs occidentales sont rejetées par les africains qui voient en notre progressisme et notre wokisme la décadence qui menacerait le modèle conservateur qu’ils prônent (voire les propos de Macky Sall et Ousmane Sonko sur l’homosexualité pour en faire le constat).
L’Afrique en a assez qu’on lui donne des leçons et toute aide de notre part sera vu comme du néo-colonialisme et de l’ingérence. Dans le même temps, celle-ci est incapable de se développer seule depuis des décennies et ne progresse pas. C’est aux africains de changer leurs pays et leur continent mais sont-ils capables de le faire ? On peut se poser la question.
Enfin, je vous rejoins sur la gravité de la situation démographique des pays européens dont la France mais suis en désaccord avec votre “solution”. La solution pour améliorer notre démographie est de redonner aux jeunes générations de l’espérance et un contexte favorable dans lequel faire naitre et grandir des enfants. C’est en donnant des perspectives et de l’optimisme (ce que vous prônez sans cesse d’ailleurs) aux jeunes que l’on va redresser la démographie et non pas en sous-traitant la production d’enfants à des populations étrangères.
Tout à fait d’accord avec l’analyse objective de M. Lourenço. Parmi les immigrés, légitimes et irréguliers, il y a cette partie non négligeable qui souhaite simplement gagner sa vie par n’importe quel moyen, la délinquance ou les aides sociales, ce qui n’interdit pas dans leurs pays d’origine de chasser la France, le pays colonisateur, l’accusant de tous les maux, en oubliant les aspects positifs comme les différents progrès dans tous les domaines (agriculture, éducation, santé, infrastructures, gouvernance…), en oubliant aussi leur histoire et les combats communs qui ont été menés, en oubliant aussi que la corruption interne, érigée en modèle de fonctionnement normal, interdit tout développement. Il faut y être allé et y avoir travaillé pour savoir exactement ce qu’il s’y passe.
Il faut bien sûr continuer d’aider les pays africains mais aussi savoir exiger en retour des résultats, et parfois fermer les robinets pour faire comprendre ces impératifs nécessaires.
L’immigration doit aussi, en contrepartie des aides, être maîtrisée. Cela implique de faire des choix mais aussi de la fermeté dans ses décisions politiques.
Selon les estimations, il y a entre 80 et 120 000 maliens résidents en France. Pensent-ils rester en France alors que leur pays chasse la France, quand bien même il l’appelait au secours en 2013 ? N’a t’on pas aidé les tchadiens en 1899 à les libérer des razzias dirigées par “Rabah”, souverain soudanais négrier esclavagiste ? Alors Non, la colonisation n’est pas un crime contre l’humanité, bien au contraire. La grosse difficulté est que la population africaine est très jeune et n’a pas eu la chance de bénéficier d’une scolarité digne de ce nom. Elle est donc influençable et malléable au gré des diffuseurs d’opinion. Pratiquement tous les pays africains ont obtenu l’indépendance sans faire la guerre ou se battre contre le “colonisateur” français. Par la constitution de 1958, ils ont tous été invités à profiter du principe de l’autodétermination des peuples. Mais qu’on t’ils fait depuis plus de 60 ans ? Là est aussi la vrai question pour poursuivre un véritable partenariat. Il est paradoxal de constater qu’ils ne veulent plus de nous (sauf nos aides financières) mais nombreux cherchent un moyen pour venir en Europe dans l’espoir d’une vie meilleure, alors qu’il y a tant de travail chez eux.
Bonne soirée.
Brillant! Rafik Smati élève le débat sur l’immigration à un tout autre niveau! Loin des polémiques, il offre une prise de hauteur rafraîchissante et perspicace. Un must-read pour tous ceux qui cherchent une perspective éclairée! 👏
Réflexions que nous aurions du avoir il y a 40 ans.
j’aime votre optimisme Mr Smati, mais je crains hélas qu’il ne soit trop tard.
Je suis en admiration devant ce texte. En plein cœur de la crise de Lampedusa, où tant de voix appellent soit au repli, soit à une ouverture incontrôlée, votre texte trouve la nuance. Vous nous offrez une vision qui englobe non seulement le passé, mais aussi les possibilités d’un futur harmonieux. Vous ne négligez ni les valeurs fondamentales ni la sécurité, tout en faisant écho à l’humanité qui nous unit. Je pense que votre approche pourrait bien être la clé pour transformer cette crise en une opportunité de renaissance culturelle et sociale. Votre vision est celle dont nous avons désespérément besoin aujourd’hui.