Tribune

Mon regard sur l’immigration

C’est l’Histoire d’un jeune enfant Corse. Alors qu’il est âgé de 10 ans, son père décide de l’envoyer sur le continent pour qu’il y effectue ses études. L’île vient tout juste d’être rattachée à la France. L’enfant ne connait pas un mot de français. Ses camarades de classe le nomment « la paille au nez », du fait de son accent particulièrement prononcé. Cet enfant passionné d’histoire et de mathématiques apprend progressivement à aimer la France, et aussi à la comprendre. Une fois adolescent, il défend ardemment les idéaux de la Révolution. A 24 ans, il devient Général dans l’Armée française. 6 ans plus tard, il entre en résonance avec la Nation, et devient le premier des Français. Cet homme, c’est Napoléon Bonaparte, le plus grand réformateur que notre pays ait connu. Napoléon Bonaparte est la France.

C’est l’histoire d’un écrivain du XÎXème siècle. Un écrivain métis, originaire d’Afrique. Teint bistre. Cheveux crépus. « C’est un nègre », disait de lui Balzac. Très souvent exposé au racisme, l’homme assumait pleinement ses origines : « Mon père était un mulâtre, mon grand père était un nègre, et mon arrière grand-père un singe ». Cet écrivain n’est pas n’importe quel écrivain. C’est Alexandre Dumas. Ses oeuvres ont traversé les siècles. Aux yeux de tous, Alexandre Dumas n’est ni un noir, ni un métis, mais tout simplement l’un des plus grands romanciers français de tous les temps. Alexandre Dumas est la France.

C’est l’histoire d’une jeune fille née à Varsovie, en Pologne, en 1867. A l’âge de 24 ans, elle quitte son pays pour rejoindre Paris, ville dans laquelle elle effectue ses études de médecine. Puis elle rencontre un homme, Pierre, avec lequel elle se marie, obtenant ainsi la nationalité française. Cette femme s’avère être un génie : ses travaux sur la radioactivité naturelle et la découverte du radium et du plutonium lui valent successivement deux prix Nobel. Cette femme hors norme, c’est Marie Curie. Considérée comme la plus grande femme scientifique mondiale de tous les temps, Marie Curie fait encore aujourd’hui rayonner la France. Car Marie Curie est la France.

Ces trois personnages d’exception ont contribué à faire la France. Trois Français au parcours singulier à qui la France a ouvert ses bras, ainsi qu’à leur famille. Ils ont trouvé dans notre nation millénaire une opportunité unique de se sublimer, de créer, d’inventer, de réussir. Et à leur tour, ils ont contribué à sublimer la France, à la faire rayonner, à la faire grandir.

A ces trois personnages d’exception, nous pourrions en ajouter bien d’autres : Emile Zola, Frederic Chopin, Jacques Necker, Léon Gambetta ou, parmi nos contemporains, Charles Aznavour, Serge Gainsbourg, Yves Montand, Zinedine Zidane, ou Marc Chagall…

Ces « étrangers » qui ont fait la France ont un point commun : ils ont tous embrassé la cause de notre pays ; il se sont appropriés les codes, la culture, les racines de la Nation. Là est le pré-requis d’une immigration réussie. Ceux qui rejoignent la France ne doivent pas chercher à la changer : ils doivent l’épouser, sans réserve, aveuglément, passionnément. Le mariage avec la France n’est ni un mariage de raison, ni un mariage d’intérêt, et encore moins un mariage blanc. Le mariage avec la France est un mariage d’amour !

Emigrer vers la France est un acte d’amour, un acte fusionnel. C’est ainsi depuis l’antiquité. Et comme dans tout lien sentimental et fusionnel, chacun s’influence mutuellement. Là est l’alchimie d’une immigration réussie. La France est un pays de racines chrétiennes, païennes, phéniciennes, grecques, romaines et celtes… Le nier est un non sens historique. La France est aussi un pays en mouvement, qui ne se fige jamais ; une nation vivante dont le patrimoine génétique s’est de tout temps enrichi et solidifié grâce à l’apport de celles et de ceux qui l’ont rejoint parce qu’il l’ont aimé.

Je poursuis mon analogie biologique. La France n’est pas un agglomérat de plusieurs molécules d’ADN différentes. Laissons cela aux pays qui promeuvent une vision communautariste de la société. Ce qui fait la force et la puissance de la France, c’est que nous disposons d’un seul et unique patrimoine génétique, qui a muté au fil du temps par assimilations (ou mutations) successives. Voilà ce qui rend notre France si vivante. La France, c’est un ADN unique, dans lequel chacun de nous a propulsé une partie de lui même. La France, ce ne sont pas des communautés, mais une seule et unique communauté : la communauté nationale.

Né en Algérie, je suis arrivé en France à l’âge de deux ans. Cet amour de la France, ce mariage avec la France, m’a été transmis par mes parents et mes grands parents, qui n’ont eu de cesse de nous répéter à ma soeur et moi, quand nous étions enfants, la chance que nous avions d’avoir été accueillis dans ce pays. Je me souviens de ces mots de mon grand père paternel : « tu dois être exemplaire, mon enfant ». Je me souviens aussi de ces mots prononcés par mon père à l’aéroport d’Orly, alors que nous revenions de vacances en Algérie : « Ah, la France ! », me lança-t-il. Du haut de mes dix ans, je comprenais immédiatement la portée de cette interjection, qui fait en 3 mots référence aux racines, aux valeurs, à l’histoire, à la géographie, à la culture, et au rayonnement de notre pays si singulier. Et aussi à la liberté, à l’égalité, et à la fraternité.

Alors oui, je l’affirme : l’immigration est une nécessité vitale, organique même, à condition qu’elle ne vienne pas corrompre le patrimoine génétique initial, mais l’enrichir.

Pour autant, comme pour tout organisme vivant, une période de jeûne peut parfois s’imposer. C’est le cas aujourd’hui.

Il y a en effet au moins deux raisons qui ne rendent pas souhaitable toute immigration de masse à court et moyen terme :

– La première, c’est la situation économique de notre pays : 6 millions de chômeurs, 9 millions de personnes sous le seuil de pauvreté, une précarisation de la France des villages, des bourgades, et des petites villes. Nos marges de manoeuvres budgétaires sont réduites à néant, du fait d’un endettement abyssal qui nous ôte toute capacité d’action. Ouvrir nos frontières dans un tel état de délabrement économique serait suicidaire.

– La deuxième raison tient dans notre incapacité à faire régner l’ordre sur notre territoire. Une immigration vertueuse va de pair avec un pacte républicain solide, dans lequel l’État de droit est assuré, l’autorité de l’État respectée, et la laïcité appliquée. Hélas, nous en sommes bien loin. Depuis des décennies, les pouvoirs publics ont capitulé devant tous ceux qui veulent fracturer la France de l’intérieur. Des mesures fortes s’imposent pour reconquérir les territoires perdus de la République. Il conviendra aussi de revenir sur le droit du sol : devenir Français et adhérer au pacte républicain ne doit plus être un automatisme, mais la résultante d’un processus initiatique personnel engageant.Oui, la France se mérite !

Le rétablissement de l’ordre économique et de l’ordre républicain sont donc les conditions préalables au sursaut de notre pays. Si nous ne prenons pas dès à présent ces deux sujets à bras le corps, alors notre Nation s’affaiblira encore davantage, et finira par s’écrouler sous le poids des migrations qui lui seront imposées, notamment du fait du développement galopant de la démographie africaine. Alors la France ne sera plus la France.

En revanche, le jour où nous parviendrons à rétablir l’ordre économique et l’ordre républicain, alors la France pourra amorcer sa Renaissance. Et ce jour là seulement, l’immigration (qui sera forcément maîtrisée et choisie, ce qui est la base de la souveraineté nationale) sera à nouveau une opportunité pour la France.

L’immigration est donc un sujet qui va bien plus loin que la simple question de la régulation des flux migratoires. Elle nous renvoie à ce que nous sommes, à notre identité, et à notre pacte républicain.

C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je ne partage pas l’idée d’un référendum sur l’immigration. Certes, les circonstances économiques et sociétales nous obligent à réduire nettement nos flux migratoires, et surtout à les contrôler. Mais l’enjeu de l’époque est par dessus tout de nous réconcilier avec nous mêmes ; de susciter parmi tous les Français une nouvelle « envie de France » ; d’assumer nos racines, et de nous donner des ailes. Penser l’avenir de la France mérite mieux qu’un « oui » ou qu’un « non ».

Derrière la question de l’immigration, se cache en filigrane la question de la France que nous allons léguer à nos enfants. Puissions-nous leur transmettre une Nation en ordre, une Nation prospère, une Nation fraternelle, une Nation libre, une Nation sûre d’elle, une Nation conquérante. Une Nation qui demain, qui sait, sera fière d’accueillir en son sein les futurs Napoléon Bonaparte, Alexandre Dumas, Marie Curie, Emile Zola ou Fréderic Chopin.

Que vive la France !

Rafik Smati

4 commentaires :

  1. Juhen dit :

    100 % d’accord avec cet article. Tout est pese et maîtrise, tout est raisonnable. Beaucoup d’immigrés sont un apport positif pour la France. Comment faire pour les convaincre ?Je n’ai pas la solution miracle, hélas.

  2. Boghanim albert dit :

    Chaque mot résonne dans ma pensée… C’est exactement l’évocation de l’abîme qui existe entre utopie et réalité Puisons les forces du dehors pour nous rendre encore plus forts et pas pour nous détruire

  3. DGC dit :

    Un « Credo » indéboulonnable qui fait honneur à l’immigration dans un pays où l’immigration s’installe et se développe dans le déshonneur et la complaisance

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


Cette publication vous a plu ?

ABONNEZ-VOUS !

Recevez en exclusivité les analyses et actualités de Rafik Smati