Pour une révolution de l’optimisme

Tribune initialement publiée dans Les Echos

Il est un tableau que l’on peint trop souvent en France, celui d’une nation en déclin, inégalitaire, et polluante. Les prophètes du malheur critiquent notre pays avec une joie morbide, distillant le doute et la résignation dans l’opinion. Le pessimisme semble désormais l’emporter sur l’optimisme.

Or le pessimisme n’est pas un réalisme éclairé, mais une lecture déformée de la réalité. L’optimisme, en revanche, n’est pas une négation des problèmes, mais une affirmation de notre capacité à les surmonter. Tous les entrepreneurs étrangers avec qui j’ai l’occasion d’échanger ne s’y trompent pas : ils voient en la France le futur Eldorado européen. Ils admirent notre territoire, béni des dieux, nos infrastructures d’exception, nos ingénieurs et mathématiciens de premier ordre. Ils plébiscitent notre modèle énergétique, qui produit une électricité décarbonnée. Ils savent que la France dispose de tous les atouts pour être un acteur majeur de la révolution technologique qui vient.

Sans rien ignorer des difficultés auxquelles notre économie doit faire face, une posture responsable et constructive consiste à regarder le verre à moitié plein, même s’il est parfois plus commode de regarder le verre à moitié vide. Bien sûr, il est inquiétant que la France compte encore 3 millions de personnes sans emploi. Mais l’honnêteté intellectuelle commande de reconnaitre que le taux de chômage est au plus bas depuis 14 ans, et que jamais le taux d’emploi n’a été aussi élevé. 

Bien sûr, le chômage des jeunes est alarmant. Mais regardons le miracle qui se produit depuis quelques années dans le domaine de l’apprentissage : en 5 ans, notre pays a doublé son nombre d’apprentis. Ces jeunes auront bientôt un atout précieux : un métier, et des compétences. Ils seront prêts à s’adapter aux métiers de demain.

Bien sûr, nous devons lutter contre la pauvreté qui touche un nombre croissant de nos concitoyens. Mais cela ne doit pas nous faire oublier que la France est déjà l’un des pays les plus redistributifs du monde.

Bien sûr, le déficit commercial est un point de vigilance majeur. Commençons donc par nous réjouir que la France n’a jamais compté autant d’entreprises exportatrices (leur nombre a augmenté de 10000 entre 2021 et 2022).

Bien sûr, nous pouvons regretter la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim. Mais reconnaissons que la France vient d’initier le plus grand programme construction de centrales nucléaires depuis le plan Messmer. N’en déplaise aux apôtres de la décroissance, la France est bel est bien une grande nation écologique, figurant parmi les meilleurs élèves du monde développé en matière d’émissions de CO2.

La France dispose d’une capacité de résilience remarquable. Le cas de la filière des batteries électriques est à cet égard un cas d’école. Il y a quelques années encore, la France était un acteur microscopique dans ce domaine. Aujourd’hui, grâce à une volonté politique soutenue, elle se positionne pour être un leader mondial et un exportateur net dès 2025. C’est un exemple parmi tant d’autres de notre capacité à nous réinventer et à saisir les opportunités du futur.

Arrêtons donc de nous complaire dans la peur et la mélancolie. Loin de la caricature pessimiste, la France dispose d’un potentiel inouï pour affronter l’avenir. C’est cette France-là, conquérante et audacieuse, phare d’une Europe ambitieuse, que nous devons choisir de voir. Gardons à l’esprit que l’économie est aussi une affaire de prophétie auto-réalisatrice : si nous pensons être en déclin, alors nous créons les conditions de ce déclin. En revanche, si nous sommes animés par l’optimisme et l’esprit de conquête, alors nous préparons les conditions d’une prospérité future.

Et si, pour une fois, nous choisissions de voir le verre à moitié plein ? Et si nous mettions fin à ce dénigrement de nous-mêmes pour embrasser le formidable potentiel qui est le nôtre ? Devenons tous entrepreneurs de l’avenir de la France et de l’Europe.

Rafik Smati