En 2050, un milliard de robots humanoïdes travailleront dans les usines, les ateliers, les hôpitaux, même dans nos maisons. Et pourtant, notre classe politique, plus obsédée par les nouvelles taxes que par l’avenir, continue de raisonner comme si tout cela n’existait pas.
La réalité est que nous avons déjà perdu la bataille de l’IA telle qu’elle se joue aujourd’hui. Il n’y aura pas d’OpenAI ou de Google français ni européen. C’est un fait. Mais les prochains défis, notamment celui des robots, peuvent encore être relevés. À condition de regarder loin et d’oser une stratégie industrielle qui donne une direction au pays.
Voici comment faire :
Nous concentrer non pas sur la bataille des LLM qui est perdue, mais plutôt sur ce qui se situe en aval et en amont de l’IA, là où l’Europe et la France peuvent encore peser.
Pour cela, pas de commissariat au plan, pas de Grenelle, pas de grands shows technocratiques. Une enveloppe de 3 milliards d’euros confiée à l’armée française, avec un mandat clair : commander 10 000 robots humanoïdes d’ici dix ans aux entreprises françaises. Pourquoi l’armée ? Parce que l’histoire est constante : l’innovation militaire irrigue ensuite toute l’économie civile. Et oui, ces robots se prépareront d’abord à faire la guerre. Ce n’est pas confortable à entendre, mais c’est ainsi que se fabriquent les technologies déterminantes. La Chine, elle, l’a déjà compris…
Mais si nous voulons faire naître cette filière, nous devons la sécuriser en amont. Un monde doté d’un milliard de robots humanoïdes et de milliards de véhicules électriques aura une demande énergétique vertigineuse. Or la France possède un avantage stratégique que beaucoup nous envient : le nucléaire bas carbone. Il faut activer sans attendre l’option des 8 EPR supplémentaires prévus par la loi de 2023, en plus des 6 déjà actés, et assumer une trajectoire vers vingt réacteurs à l’horizon 2050.
Du nucléaire à la robotique via la défense : voilà une filière cohérente, puissante, crédible. Une méthode que nous pourrions répliquer dans la biogénétique et dans d’autres secteurs clés. Mais cela suppose de s’échapper enfin de la prison du court terme et de retrouver un horizon d’ambition et de grandeur.
Soyons au rendez-vous de l’histoire avant qu’il ne soit trop tard.
Rafik Smati
