Dans le monde qui vient, ce ne sont plus les gros qui mangeront les petits, mais les rapides qui dévoreront les lents. C’est pourquoi je suis très inquiet pour la France et pour l’Europe.
L’accélération devient en effet la seule constante. Dans cette course effrénée, ceux qui sauront manier la vitesse façonneront l’avenir, tandis que ceux qui traîneront deviendront les nouveaux esclaves du progrès.
Cette réflexion a nourri mon échange avec le journaliste de TF1 François Lenglet, qui prédit dans son nouveau livre l’avènement d’un monde « sans maîtres », sans puissance hégémonique (comme l’ont été la France au 18ème siècle, le Royaume-Uni au 19ème siècle, ou les États-Unis au 20ème siècle). Il a raison. Mais j’ajoute un élément qui me paraît essentiel : si le futur ne compte plus aucun maître du monde, il créera malgré tout de nombreux esclaves. Et cela du fait de la révolution technologique.
Donc oui, je suis très inquiet pour la France et pour l’Europe.
Nous passons en effet littéralement à côté de l’Histoire. Nous pensons la révolution technologique à travers le prisme de la régulation plutôt que par l’innovation. Nous avons choisi la protection au détriment du risque.
L’enjeu est simple : serons-nous les architectes de l’accélération qui est à l’œuvre ou les témoins impuissants de notre propre déclassement ?
Le temps des hésitations est révolu. Il faut choisir : embrasser la vitesse ou subir l’Histoire.
L’Europe a tant d’atouts. La France, tant de talents. Encore faut-il retrouver le goût du risque, l’envie d’inventer, la fierté d’agir. En serons-nous capables ?
Je pense que oui, mais je dois encore être l’un des seuls.
Rafik Smati